Ils l’attendent tous avec impatience… Ce mardi, plusieurs bénévoles s’activent pour poursuivre la construction de leur char, à moins de trois semaines du carnaval de Nantes. Certains découpent encore du polystyrène, d’autres font de la soudure, de la peinture ou de l’électricité. Malgré les deux dernières éditions annulées, les chars ne sont pas encore prêts à défiler le 3 avril. « L’atelier a fermé de mars 2020 à septembre 2021. Il a ensuite fallu remobiliser les bénévoles, reprendre l’habitude de revenir régulièrement… Cela a pris du temps », raconte Stéphanie Mercier, chargée de l’administration de l’association Nemo, qui organise le carnaval de Nantes. Dans le grand atelier où logent les chars et les grosses têtes, route de Sainte-Luce-sur-Loire au nord-est de Nantes, les bricoleurs assurent que l’ambiance n’est plus « la même qu’avant la crise sanitaire ».
Le thème initialement choisi pour 2020, l’humour, a été conservé « car la construction des chars avait déjà débuté ». Mais, après plus de deux ans à plancher sur la même édition, une « lassitude » s’est installée dans l’entrepôt. « On est fatigué de toujours regarder les mêmes chars. On se dit qu’il faut que ça sorte et puis on en parle plus. Il est grand temps de passer à autre chose », souffle Serge Belaud, un carnavalier « depuis des lustres ». Jacques Sauderais, un bénévole avec une vingtaine de chars à son actif, le rejoint. « On va penser à un nouveau thème assez rapidement de façon à mieux repartir parce que là on en a vraiment marre », lâche-t-il. Certains bénévoles ont même abandonné les carnavaliers pour se consacrer à d’autres activités.
Le partage des connaissances
Les chars imaginés en 2019 ont parfois subi quelques ajustements depuis la crise sanitaire. Sur celui de l’association Sud Loire Carnaval, intitulé « Les Tamalous du Dr Bobola », les carnavaliers ont ajouté quelques variants de Covid-19 au dernier moment. « On leur a tous fabriqué un drapeau en fonction de leur lieu d’origine. Ce n’était pas prévu mais c’est plus drôle comme ça », rigole Serge Belaud. Ces passionnés du bricolage gardent le sourire. Objectif : terminer dans les clous ! Même si certains se taquinent sur l’avancée de leur char, ils n’hésitent pas à s’entraider en partageant leurs compétences manuelles.
Paul Bellini, dit Paulo, s’attaque aux lumières du char Caba’Circus – O.Voisine/20Minutes
C’est le cas de Paul Bellini, dit Paulo, un ancien électricien bénévole à la revue La Cloche, à Nantes. « J’adore les spectacles. Je donne souvent un coup de main sur l’installation de lumières », confie-t-il. Jacques Sauderais, lui, a été peintre-décorateur à l’Opéra de Nantes et d’Angers. « Je ne sais pas souder alors mes collègues me font des soudures et moi en échange je leur sculpte une tête, des mains, etc. », explique-t-il. De son côté, Loïc n’a pas encore eu l’occasion de défiler sur un char. Après avoir été formé aux Beaux-Arts, il a travaillé « toute sa vie dans les arts graphiques » avant de rejoindre le groupe des carnavaliers en 2019. « Ça va être mon baptême du feu le 3 avril, normalement c’est bien parti cette année », se réjouit-il. « Il y a des choses que je ne savais pas faire avant de venir ici et que je commence à apprendre comme la mécanique. C’est une bonne occupation quand on est à la retraite », sourit-il.
Deuxième carnaval de France
Au total, 170 carnavaliers sont dédiés à la construction des chars et des grosses têtes. Ils sont ensuite rejoints par 400 danseurs et musiciens les jours de défilé. Le carnaval de Nantes est considéré comme le deuxième plus grand de France en termes de fréquentation, après celui de Nice. Sa particularité est qu’il est entièrement gratuit et financé par la ville. Après chaque édition, une partie des chars est détruite, l’autre est parfois vendue ou louée à des comités des fêtes.
Pour admirer le show, rendez-vous le dimanche 3 avril pour le carnaval de jour, le 6 pour le bal des enfants et le 9 pour le défilé de nuit. Plusieurs bénévoles assurent qu’ils fourmilleront jusqu’à la veille du jour J. « Il y en a qui sont encore en train de gratouiller du polystyrène, ça veut dire qu’ils vont encore passer des nuits pour y arriver », blague Serge à l’égard de ses camarades. Certains ont même déjà des idées de création pour l’année prochaine mais, ça, « il ne faut pas le dire ».